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To have and to hold
18 novembre 2007

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, de Stig Dagerman

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman (1923-1954) est une de mes lectures de l'été, découverte en regardant l'En Aparté consacrée à Julien Doré. Le fait de lire le même livre que lui m'intéressait mais j'ai surtout été intriguée par le titre. Il s'agit en fait d'une lettre que Dagerman, célèbre auteur suédois, a écrit 2 ans avant son suicide, en pleine dépression. Oui, je sais, pas très joyeux...Le style est un peu compliqué pour moi, très travaillé mais aussi très beau. On sent sa détresse dans cet "arc de mots", mais sa va avec la beauté car tout détresse quand elle n'est pas pathétique (pas au sens péjoratif), est belle. En tout cas je suis totalement d'accord avec la thèse du titre et c'est un texte que j'adore pour son honnêteté solennel ("...car seul existe l'honnêteté").

StigDagerman

Vous pouvez trouver le texte entier ici. Je vous mets quand même un extrait au cas où...:

"Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.

En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.

Qu’ai-je alors entre mes bras ?

Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux. Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander. Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté. Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique. Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur."

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Commentaires
C
Il a fait beaucoup de bonnes choses avant (de mourir écrirais-je en petit comme d'autres si je le pouvais). Sur l'Allemagne d'après (Automne allemand), La dictature du chagrin maintenant. cette lettre je vais la (re)lire, je sais plus..
Y
moi qui cherche un moyen de me suicider... je savais pas qu'on pouvait mourrir asphixié par les gaz de sa voiture dans son garage... pas bête !<br /> merci.
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