J'étais un arbre en fleur..., de Charles Sainte-Beuve
Ce week-end, Disney. Départ (du train) samedi à 7h16, retour dimanche à 22h56. Un de mes derniers week-end d'enfance...Poème choisi avec soin pour l'occasion.
J'étais un arbre en fleur où chantait ma Jeunesse,
Jeunesse, oiseau
charmant, mais trop vite envolé,
Et même, avant de fuir du bel arbre
effeuillé,
Il avait tant chanté qu'il se plaignait sans cesse.
Mais sa plainte était douce, et telle en sa tristesse
Qu'à défaut de témoins
et de groupe assemblé,
Le buisson attentif avec l'écho troublé
Et le
coeur du vieux chêne en pleuraient de tendresse.
Tout se tait, tout est mort !
L'arbre, veuf de chansons,
Étend ses rameaux nus sous les mornes saisons ;
Quelque craquement sourd s'entend par intervalle ;
Debout il se
dévore, il se ride, il attend,
Jusqu'à l'heure où viendra la Corneille fatale
Pour le suprême hiver chanter le dernier chant.
Charles Sainte-Beuve (1804-1869), in Poésies diverses